mercredi 22 novembre 2023

𝓛𝓪 𝓶𝓪𝓵𝓮́𝓭𝓲𝓬𝓽𝓲𝓸𝓷 𝓭𝓮 𝓓𝓾𝓫𝓵𝓲𝓷 (6)

 𝑯𝒆́𝒃𝒆𝒓𝒈𝒆𝒎𝒆𝒏𝒕 𝒄𝒉𝒆𝒛 𝒅𝒆𝒔 𝒇𝒂𝒎𝒊𝒍𝒍𝒆𝒔 𝒇𝒓𝒂𝒏𝒄̧𝒂𝒊𝒔𝒆𝒔

𝐂𝐞𝐫𝐭𝐚𝐢𝐧𝐬 𝐝𝐞𝐬 𝐦𝐢𝐠𝐫𝐚𝐧𝐭𝐬 𝐪𝐮𝐢 𝐚𝐫𝐫𝐢𝐯𝐞𝐧𝐭 𝐞𝐧 𝐄𝐮𝐫𝐨𝐩𝐞, 𝐬𝐨𝐧𝐭 𝐜𝐡𝐨𝐪𝐮𝐞́𝐬 𝐩𝐚𝐫 𝐥𝐚 𝐜𝐨𝐧𝐝𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐝𝐞𝐦𝐚𝐧𝐝𝐞𝐮𝐫 𝐝'𝐚𝐬𝐢𝐥𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐜𝐞 𝐩𝐚𝐲𝐬. 𝐂’𝐞𝐬𝐭 𝐩𝐚𝐫𝐜𝐞 𝐪𝐮'𝐢𝐥𝐬 𝐨𝐧𝐭 𝐞́𝐜𝐨𝐮𝐭𝐞́ 𝐩𝐥𝐮𝐬𝐢𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐡𝐢𝐬𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞𝐬 𝐟𝐚𝐮𝐬𝐬𝐞𝐬 𝐚̀ 𝐜𝐞 𝐬𝐮𝐣𝐞𝐭. 𝐋𝐚 𝐫𝐞́𝐚𝐥𝐢𝐭𝐞́ 𝐧’𝐞𝐬𝐭 𝐩𝐚𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐥’𝐢𝐦𝐚𝐠𝐢𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧. 𝐄𝐧 𝐟𝐚𝐢𝐭, 𝐢𝐥 𝐟𝐚𝐮𝐭 𝐬𝐞 𝐫𝐞́𝐯𝐞𝐢𝐥𝐥𝐞𝐫 𝐭𝐫𝐞̀𝐬 𝐭𝐨̂𝐭 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐞𝐬𝐩𝐞́𝐫𝐞𝐫 𝐚𝐯𝐨𝐢𝐫 𝐮𝐧𝐞 𝐛𝐨𝐧𝐧𝐞 𝐩𝐥𝐚𝐜𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐚 𝐟𝐢𝐥𝐞 𝐝’𝐚𝐭𝐭𝐞𝐧𝐭𝐞 𝐝𝐞𝐯𝐚𝐧𝐭 𝐥𝐚 𝐩𝐫𝐞́𝐟𝐞𝐜𝐭𝐮𝐫𝐞. 𝐄𝐧𝐬𝐮𝐢𝐭𝐞 𝐢𝐥 𝐟𝐚𝐮𝐭 𝐦𝐨𝐧𝐭𝐞𝐫 𝐚𝐮 𝟔𝐞̀𝐦𝐞 𝐞́𝐭𝐚𝐠𝐞 𝐨𝐮̀ 𝐬𝐞 𝐭𝐫𝐨𝐮𝐯𝐞 𝐮𝐧𝐞 𝐬𝐚𝐥𝐥𝐞 𝐝'𝐚𝐭𝐭𝐞𝐧𝐭𝐞 𝐩𝐥𝐞𝐢𝐧𝐞 𝐝𝐞 𝐬𝐢𝐞̀𝐠𝐞𝐬.




En face, il y a des guichets pour communiquer avec les gens. C’est la même chose devant le forum réfugiés (SPADA) où tout demandeur d’asile doit prendre contact dès son arrivée en France.
C'était dur de sortir à cinq heures en plein hiver, pour prendre un rendez-vous administratif ou juridique ou pour recevoir un courrier. Mais il n'y a pas de gain sans patience et sans effort. La vie est une lutte pour atteindre notre but. Les Etats qui nous accueillent ne nous ont pas invités. C’était notre décision et notre désir de prendre le risque de voyager sans notre objectif.
Des conditions difficiles forcent l'homme à commettre des folies pour vivre en toute sécurité et dans le confort. C'est pour cette raison qu’il ne faut pas blâmer les gouvernements s'ils ne nous donnent pas tout ce dont nous avons besoin. Les demandeurs d'asile ont des droits et des obligations. Il faut qu'ils relancent toujours les associations. Il faut qu'ils apprennent la langue du pays pour arriver rapidement à comprendre les autres et à exprimer leurs demandes clairement. Je crois qu’il faut beaucoup d’abnégation.
𝐥𝐚 𝐝𝐢𝐟𝐟𝐢𝐜𝐮𝐥𝐭𝐞́ 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐥𝐚𝐧𝐠𝐮𝐞
Pour moi c'était très difficile d'apprendre une nouvelle langue après 47 ans. C'était et c'est toujours un grand défi, surtout avec le français. J'ai appris l'anglais à l’école, et j’ai appris l'allemand aussi à Berlin avant, mais le français est plus compliqué à prononcer et à comprendre. Beaucoup d'exceptions dérogent à la règle. Pourtant, ma passion pour la langue française n'a pas commencé depuis mon arrivée au pays de Marianne ; elle remonte à ma jeunesse. La raison est que le Liban est un pays francophone et j'ai été entouré par des amis et cousines qui parlent français, mais je n'ai pas pu l’apprendre, sauf un petit cours en 1988 dont je ne me souviens que de quelques mots.
Je cherchais toujours un logement avec les bénévoles de l’association SPADA, mais c’était compliqué, car les centres d'accueil de demandeurs d'asile (CADA) sont remplis de gens et là-bas, la priorité est accordée aux familles. Hélas, je suis seul.
Je voulais souligner ma première expérience de vie dans une famille française à cette époque. Ce n'était pas pour longtemps. Gisèle a publié une annonce sur internet pour une pièce chez elle pour un mois. Le montant du loyer était de quatre cent euros. C’était Une grande maison avec un jardin dans le quartier Périer. Cet endroit est le plus chic des dix quartiers du 8ᵉ arrondissement de la ville de Marseille.
IL y avait une petite chambre avec un lit superposé, de beaux tableaux sur le mur, et un placard avec tiroirs pour mettre les vêtements. La cuisine et la salle de bain, même les toilettes sont en commun. J'ai pu là-bas cuisiner, et j'ai partagé avec Gisèle et sa fille Marion des soirées à regarder la télé au salon. Il y avait aussi un étudiant qui habitait dans la même famille, il était très gentil et curieux de connaître notre vie culturelle et politique. Heureusement, tous les trois parlaient anglais. C’est pour ça j'étais satisfait et j'ai profité de cette ambiance pour apprendre quelques mots français.
𝐋𝐚 𝐬𝐨𝐥𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐜𝐡𝐞𝐳 𝐖𝐄𝐋𝐂𝐎𝐌𝐄
Au quatrième mois de mon séjour à Marseille, la solution du logement est venue par une bénévole d'origine égyptienne qui travaillait au Forum des réfugiés. Roga m'a aussi aidé à bien communiquer avec la SPADA, elle m’a proposé de loger chez des familles françaises, grâce à l’association WELCOME, pendant l’attente de mon procès. J'ai accepté sans discussion parce que de cette manière je pourrai trouver un abri et apprendre la langue.
Quelques jours après, j'ai reçu un appel téléphonique de Roga. Elle m'a informé d’un RDV avec le responsable du programme d'accueil situé place du Forums des Réfugiés. Puis, j'ai rencontré un monsieur qui s'appelle Victor, et il m’a demandé des informations sur ma situation et il m'a promis de m'appeler pour m’informer de la réponse.
La semaine d’après le 12 février 2017, j'ai eu une réponse positive d’une amie de Victor, qui m'a emmenée à Aix-en-Provence.
Dans une vieille maison vieille entourée d’un jardin et d’oliviers aux Milles, Phillipe et Anne-Geneviève m’ont accueilli souriantes.
Philippe était une spécialiste de physique et sa femme a étudié la médecine. Leurs enfants habitent loin de la Provence. Philippe est cultivé, il sait beaucoup de choses sur mon pays. La gentille famille m’a offert une pièce meublée avec une cuisine et une salle de bain autonome.
𝐋𝐞 𝐓𝐞𝐦𝐩𝐥𝐞 𝐏𝐫𝐨𝐭𝐞𝐬𝐭𝐚𝐧𝐭
Le lendemain j'ai commencé le cours français à l'association AGIR à Aix-en-Provence. À l'époque elle se trouvait au temple protestant d'Aix-en-Provence à côté du Cours Mirabeau. Au premier regard, j'ai été étonné quand je suis arrivé au temple. A l'entrée, était accrochée une plaque écrite en Hébreu qui contenait le mot « Israël » en Français. Cette situation était surprenante et sensible pour moi, en raison du conflit entre les Arabes et Israël depuis 1948.
Mon village El-Hebbariyé était dans la même région. Cette région a été attaquée plusieurs fois, par la force aérienne et terrestre d'Israël. Pendant l'attaque de 1978, ma grande mère a été tuée par un mortier qui a déchiré son corps. Elle était dans son figuier pour ramasser les fruits avant le dîner du ramadan. C’était à jeun car la plupart de ma famille sont musulmanes.
Je me souviens bien de ma mamie. J'étais son premier petit-fils gâté et j'avais sept ans. Israël était toujours dans ma mémoire l'ennemie qui tue les innocents, et occupe leurs territoires, maisons et champs. Notamment quand elle occupait le sud du Liban de 1982 jusqu'à l'année 2000. Mon village était parmi les territoires occupés.
Pourtant je fais la distinction entre les juifs et les sionistes qui établissent l'État d’Israël. J’ai compris ensuite que le temple protestant était une synagogue de juifs et la communauté protestante aixoise l'a acheté en gardant la plaque en hébreu sur la porte. J’ai dû m’habituer à accepter cette belle diversité éloignée de la politique. L'utilisation de religion dans la manipulation politique existe depuis plusieurs siècles. C'est pour ça je ne suis pas contre les croyants à religion, mais je suis contre le discours non humanité dans tous les cultes, contre la mauvaise utilisation du texte qui est considérée "sacrée".
La rationalité suppose d'être contre les pratiques criminelles surtout celles qui sont faites selon les commandements divins, ou les "devoirs", comme les musulmans l'appellent.
𝐥𝐮𝐭𝐭𝐞𝐫 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐥'𝐢𝐧𝐣𝐮𝐬𝐭𝐢𝐜𝐞
Avec cette philosophie je deviens objectif ; supporter les victimes des violences, des misérables et des persécutés n'importe qui sont-ils, ou de quelle région, de quelle religion etc. en même temps lutter contre l'injustice et la tyrannie dans ce monde. C’est peut-être, j’ai visité la site-mémorial du camp des Milles pendants au début de mon séjour aux Milles. Depuis ce camp ont été conduits à la déportation plus de 2000 hommes, femmes et enfants juifs vers le camp d'extermination d'Auschwitz. Cette visite était selon le conseil d' Anne-Geneviève qui voulait me donner l'argent d'entrée au musée, je lui ai dit que j'ai toujours ma carte presse où je peux là-bas accès, gratuitement.
La vie chez cette famille aux Milles, était une découverte de choses nouvelles pour moi. J’ai commencé effectivement à apprendre les habitudes et les coutumes gastronomiques aux villages français. J’ai taillé leurs oliviers selon la méthode de mon oncle du Liban. Philippe était content de ça et il m’a informé après que les oliviers ont donné beaucoup de fruits cette année-là. On a déjeuné quelques fois ensemble et on discutait beaucoup car le couple parle anglais. La famille m’a aidé à apprendre la langue.
(à suivre)

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