mardi 5 juillet 2022

La Foi baha’ie en France

 Par Moammar Atwi 

Les Jardins Baha’i à Haïfa


Le Bahaisme  a été introduit en France par une étudiante américaine et y a été répandu  par ceux qui fuyaient les persécutions en Iran.
Actuellement la poursuite  des persécutions religieuses des baha’is s'est  déplacée entre autres au Yémen avec la domination des Houthis soutenus par les mullahs iraniens. Cette domination s'est étendue sur les villes telles que Sanaa et d'autres villes.





May Bolles
Il est nécessaire de clarifier l'historique et le présent de cette Foi nouvelle  dont la présence en France pose question. Son apparition ne revient pas tant aux baha’is qui ont fui leur pays pour échapper aux persécutions qu’a une jeune américaine May Bolles en 1898 lorsqu'elle a embrassé cette religion au cours de ses études à Paris.
 Cette jeune étudiante a propagé sa foi parmi ses proches et ses connaissances pour former la première communauté baha'ie en Europe. Le nombre des baha’is en France s'élève actuellement à environ 2500. Certains sont d'origine iranienne et de nombreux autres d'origine française.

Le Bahaisme est né de l’Islam Chiite par Mirza Hussein Ali appelé Bahá’u’lláh né en 1817 à Téhéran, fils d'un ministre d'État. Bahá’u’lláh refusa les postes qui lui ont été proposés et décida de se consacrer aux causes humanitaires. C'est pour cela qu'il fut nommé « le père des pauvres « depuis son jeune âge.

La communauté baha'ie a célébré le bicentenaire de la naissance de Bahá’u’lláh à travers le monde entier le 22 octobre de l'année dernière.


BAHÁ’U’LLÁH LE PROPHÈTE



En Perse en 1844 est apparu le mouvement Babi. Bahá’u’lláh s'est joint à ce mouvement établi par Ali Mohamed de Chiraz qui s'est donné pour nom LE BAB, ce qui a donné lieu à des persécutions de la part des institutions religieuses chiites. Le Chanazien a appelé à cette religion et a annoncé que bientôt Dieu enverra un nouveau Messager. Mais le Bab fût martyrisé en 1850 et depuis Bahá’u’lláh est considéré comme le vrai fondateur de la religion baha'ie appellation qui vient de son nom Bahá’u’lláh.



 Le Bab n'a pas été seulement l'annonciateur d'un prophète après Lui mais il a proclamé que les Messagers de Dieu se succèdent et que Lui-même était un maillon de la chaîne des prophètes qui comporte Mohamed, Moïse et Jésus. Il annonça qu'il était le nouveau Messager venu dans le but d'instaurer l'unité entre les peuples de la terre.



ETAPES DE LA PRISON ET DES EXILS

Bahá’u’lláh a subi les persécutions, les poursuites et les arrestations de la part des autorités iraniennes qui ont toujours considéré le chiisme comme la  religion officielle admise dans le pays, celle ci considère les baha’is comme étant des apostats.


le centre mondial bahá'i sur le Mont Carmel à Haïfa
Bahá’u’lláh a été exilé plusieurs fois. Au cours de ces exils Il a écrit le KITAB I AQDAS, le livre des lois qui est considéré comme le plus important de ses écrits chez ses adeptes.
Après avoir passé les dernières 40 années de sa vie en exil à commencer par Bagdad puis Constantinople puis Andrinople Il décéda à Acre  en Palestine en 1892. Abdu’l-Baha lui succéda et se mit à l'œuvre pour répandre ses enseignements à travers le monde Il décéda en 1921.
Par la  suite ce fût Shoghi Effendi son petit fils  qui continua la propagation de cette religion. Il édifia les tombeaux des  baha’is en Palestine occupée. Acre s'est transformée en lieu de pèlerinage pour les baha’is et le centre administratif et spirituel a été érigé à Haïfa lieu qui est devenu réellement un paradis sur terre : ce sont de beaux jardins ornés d'arbres et de fleurs dans une organisation extraordinaire avec harmonie et une grande propreté.


L'ORIGINE.... UNE ÉTUDIANTE AMÉRICAINE


Quant à May Bolles (1870-1940) qui a accepté cette religion en France, elle est née d'une famille riche du New-Jersey, c'était une fille sensible et a été très vite attirée par les enseignements spirituels. Elle était admirative de la culture européenne. Elle a voyagé en France où elle a passé quelques temps dans une école religieuse et très vite elle a aimé la langue de Molière. Elle a vécu 8 ans dans la capitale française au cours desquels elle a pris connaissance du message de Bahá’u’lláh en 1898 et a très vite adhéré à cette religion. Elle a par suite formé le premier groupe bahai en Europe constitué de 30 membres parmi eux des étudiants ainsi que des artistes. C'est pour cela que Paris a continué à jouer un rôle clé dans la propagation de cette Foi à l'intérieur de la France aussi bien qu'à l'extérieur.

En 1865 le Conte Arthur de Gobineau a écrit le livre « Religions et philosophies en Asie Centrale" ce qui a fait que les conversations sur la religion baha’ie sont devenues courantes dans les milieux français et dans certains salons parisiens.

Abdu’l-Baha, avec un groupe de premiers croyants à Paris 

La capitale française fut aussi une étape importante parmi les lieux de séjour préférés d’Abdu’l-Baha qui a été libéré de son statut de prisonnier en 1908 alors qu'il avait 64 ans Il entreprit alors une visite au Caire puis Londres et enfin Paris où Il arriva en octobre 1911 et où Il séjourna 9 semaines environ près de la Tour Eiffel.

À Paris, le séjour d’Abdu’l-Baha  s'est transformé en une série de dialogues et de conférences pour faire connaître cette nouvelle religion. Parmi ses visiteurs il y avait de nombreuses personnalités françaises où figuraient des politiciens,des diplomates des journalistes des intellectuels et des hommes de religion on y trouvait aussi bien des croyants que des athées, des riches ou des pauvres.

Parmi les visiteurs d’Abdu’l-Baha on trouve l'intellectuel Camille Flammarion, l'ambassadeur japonais à Paris et le philosophe français Henri Bergson qui a amené avec lui ses étudiants dans l'une de ses rencontres avec «  Bahá’u’lláh » (Il voulait dire Abdu’l-Baha )
Abdu’l-Baha a insisté dans ses Causeries et ses conférences sur l'unité de Dieu comme étant la base de toutes les religions et Il considère que le moment est venu d'unir toutes les races, les nationalités, les religions et les classes citant l'exemple de la France qui accorde la liberté d'expression. Mais il insistait sur la nécessité de prendre en considération le côté spirituel de l’homme.

 Il dit "lorsque le peuple français se libèrera du scepticisme et du matérialisme, il dotera l'Europe de vie et d'un enthousiasme capable de changer les mentalités et de mettre fin au racisme et au nationalisme"


INTÉGRATION DANS LES SOCIÉTÉS

Les baha’is ne sont pas comme les adeptes des autres religions qui préfèrent vivre en ghettos sociaux. Ils s’efforcent de contribuer à la prospérité  et à l’épanouissement de la société dans laquelle ils vivent côte à côte avec ceux qui partagent les mêmes objectifs. Ils pensent que l’apparition d’une civilisation rayonnante, dans ses dimensions matérielle et spirituelle résultera des efforts de tous ceux qui, à travers le monde, essaient d’améliorer un côté ou un autre de la vie des habitants de la terre  grâce à leur foi en l’injonction de Bahá’u’lláh d’abandonner les préjugés de toutes sortes qu’ils soient de religion, de race, de classe sociale ou de politique. Les baha’is sont fiers de leur appartenance au pays où ils vivent.
 Ils œuvrent unis et en harmonie sur tout ce qui est de nature à consolider l’unité entre les hommes jusqu’à sa réalisation, ainsi que l’instauration de la paix sur terre selon ce qui se trouve dans leur site officiel. Cette tendance a été inspirée par la vision de Bahá’u’lláh qui consiste à mettre l’intérêt général en tête des ​priorités sociales. Les baha’is sont présents dans toutes les rencontres spirituelle​s et autres dans les lieux d’adoration de toutes les religions en vue de participer au soutien des pauvres et des émigrés ou bien dans le partage des prières avec les adeptes des autres religions.

Leur participation fait qu’ils contribuent à des conversations fructueuses avec de nombreuses personnalités confrontées à des problèmes cruciaux qui accablent l’humanité. Les baha’is considèrent que les activités qui contribuent aux progrès social et économique font partie de leur foi. Ces activités nécessitent des efforts en vue de l’application des principes d’unité et de justice afin de répondre aux différents besoins que les hommes ont choisis pour eux-mêmes. Ils aiment la nature et se soucient de la propreté de leurs lieux d’adoration. Les jardins du Carmel à Haïfa sont réellement un paradis sur terre grâce à leurs ornements nombreux et splendides et au charmant panorama naturel.

«Les jardins bahà’ís» considérés comme des lieux saints par les adeptes de la religion bahá’íe, se trouvent essentiellement dans trois sites: Acre et son entourage, Haïfa et les alentours de Baghdad en Irak. Ces merveilleux jardins embellissent également tous les temples baha’is partout dans le monde.

Tombeau de Bahá'u'lláh à Acre  
 
   La nature, selon Bahá’u’lláh est la source de la richesse et un don divin; l’humanité a le devoir de la protéger et apprendre à exploiter ses ressources naturelles en respectant l’ordre et l’équilibre de façon rigoureuse afin de parvenir à une civilisation florissante; c’est pour cela que le bahá’ísme critique la tendance de consommation exagérée ainsi que l’accumulation sans fin de biens matériels animée par la cupidité individuelle et sociale, car ceci, d’après eux, ne conduit qu’à une destruction croissante de l’environnement.
Quant à leurs prières, ce sont des poèmes spirituels et des conversations avec Dieu qui sont souvent accompagnées par de la musique en particulier avec des instruments connus dans le pays entre les deux fleuves (Tigre et Euphrate) tels: le Kanoun, le luth, le tambourin et d’autres encore.

Par contre les Républiques islamiques, en Iran et ailleurs où on applique les lois islamiques shiites ou sunnites les considèrent comme des mécréants car les Bahá’ís refusent d’appliquer la religion musulmane et ne croient pas à la pérennité de la loi du prophète Muhammad, ils croient plutôt au prophète Bahá’u’lláh. Si parmi les baha’is se trouve quelqu’un d’origine musulmane, il est alors considéré par les musulmans  comme un apostat.

En Iran, les persécutions des Bahá’ís ont commencé au milieu du XIXème siècle. Leurs lieux d’adoration ont été détruits. Depuis la Révolution islamique de 1979, l’État leur est hostile de manière systématique.

En 1983, la religion bahá’íe fut interdite et en 1991, on la considéra comme une religion dans le but d’exterminer cette communauté résidant en Iran. Malgré cela, rien n’a changé en ce qui concerne la situation des baha’is dont le nombre atteint trois cent milles. Ils restent toujours exposés aux persécutions, à l’emprisonnement et aux violations de leurs cimetières ainsi qu’à leur privation de l’enseignement sauf dans des situations à travers desquelles on assujétit leurs enfants en leur apprenant les enseignements de la doctrine shiite afin de les extirper de leur religion soit par des menaces ou par des promesses.

Mais malgré les persécutions et les hostilités, la religion bahá’ie a pu s’étendre et l’on trouve des groupes bahá’ís en Europe, en Amérique du nord et aussi en Inde. Actuellement, il y a plus de six millions de bahá’ís, répartis dans environ deux cent trente pays à travers le monde et engagés activement dans la religion bahá’íe qui ne possède pas de clergé.

Traduction de l'arabe: Hamid Kerbouche
Paru dans le journal en ligne « ALAWAN »(LES TEMPS, pour une culture laïque et intellectuelle). 

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