Ce n'est pas moi, ce n'est pas mon monde qui diminue, se rétracte, dans une petite pièce. Je mélange mes papiers sur le bureau tout le temps.
Faire les courses deux fois par semaine, au
supermarché proche de la maison. Je commence mes journées , en
buvant du café avec une tranche de pain beurré. Je lis les
nouvelles au sujet du virus, et les informations concernant la vie
politique compliquée de mon pays de l'autre côté de la
Méditerranée.
Au Liban les gens souffrent de misère et
des conséquences de la corruption politique, ils ont moins peur du
virus Covid-19, que de la faim.
Des jeunes hommes, des femmes
et même des enfants tombent sous les balles des forces de sécurité
qui protègent les politiciens corrompus et leurs alliés, le clergé
et les chefs de confessions.
Le seul moment où je respire, où je m’aère, est une heure de marche dans la nature, de promenade à la campagne autour du village. C’est la respiration du jour.
Chaque semaine je fais des plans et encore des plans, mais c’est inutile, la paresse et la somnolence me tuent , j'ai l'impression de perdre ma maîtrise de l'art d'écrire.
Entre mes quatre murs je ne fais rien d'utile. Je fais à peine mes devoirs avant d'étudier la langue via Hangouts ou ZOOM.Je me sens gêné devant mon professeur lorsque j'ouvre l'écran d'ordinateur sans avoir encore préparé aucun sujet. Je me sens comme un petit enfant qui évite de voir son professeur pour ne pas avoir à répondre à des questions sur les devoirs.
Je feuillette les pages et les actualités des réseaux sociaux plus d'une fois par jour, sans me concentrer uniquement sur le dernier bilan des décès dus à une infection par le coronavirus dans chaque pays, le dernier bilan de ceux qui n’ont pas pu résister à la maladie, aux États-Unis, en Espagne, en Allemagne, en Italie, en France, au Liban et qui sont morts.
Je
mets des livres sur la table sans les ouvrir, et je fais pareil avec
les quotidiens que j'achète parfois. J'écoute souvent de la musique
classique, je cherche à découvrir chaque jour des nouveaux
chanteurs et chanteuses. Parfois j'aila
nostalgie des vieilles chansons.
La journée passe vite et
j'élabore dans mon esprit un plan d'action qui est repoussé tous
les jours. Vais-je compléter d’écrire
mon
roman sur l'asile?
Vais-je faire des exercices de grammaire française et la
conjugaison
?
Vais-je écrire un poème ou un texte sur mon présent du
confinement? Dois-je écrire un article politique sur ce qui se passe
au Moyen-Orient et en Afrique du Nord? Je ne sais pas par où
commencer. Entre la pratique de la cuisine, la navigation sur
Internet et le tournage des pages d'un vieux journal ou d'un livre
qui traîne
sur la table depuis deux mois, je ne sais pas par où commencer,
jusqu'à la fin de la journée ... et la nuit commence avec un long
film.
Le matin, j'attends la pie bavarde qui est mon
oiseau préféré. Bien que sauvage, elle apparaît,
prudemment, devant ma fenêtre.
Si la fenêtre est fermée, la
pie picore les miettes de pains que je jette sur la rebord de la
fenêtre et s’envole.
Elle
tient à ce qu’on ne l’approche pas. Bien qu’elle se comporte
ainsi, la pie est mon amie à distance, comme mes études, mes
réunions, mes discussions, et mes amitiés.
Fait à Lambesc le 27 avril 2020.
Merci monsieur
Olivier Coutagne pour les corrections

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